Personnalité de la semaine
Maxime Giroux
La Presse
Sa curiosité et son amour de l’observation nourrissent le travail du cinéaste Maxime Giroux. Dans le milieu de la création, plusieurs écrivent, peignent ou tournent sur des sujets proches d’eux-mêmes. Pas lui. Giroux fait des films pour combler son besoin de connaître.
Son dernier opus,
, s’inscrit dans ce courant de pensée. Campé dans le Mile End, le film raconte l’improbable histoire d’amour entre un Québécois francophone (Martin Dubreuil) sans le sou dont le père fortuné est à l’article de la mort, et une jeune juive hassidique (Hadas Yaron) mariée et mère d’un enfant.Ayant longtemps vécu dans le Mile End, Maxime Giroux a côtoyé bien des juifs hassidiques sans les connaître. « Le mystère nous attire », philosophe-t-il.
Samedi soir dernier, son œuvre a remporté, ex aequo, la Louve d’or, prix récompensant le meilleur film de la compétition internationale du Festival du nouveau cinéma de Montréal. Au même moment,
obtenait le prix du meilleur film dans la catégorie Between Judaism and Israelism au festival de Haïfa, en Israël.Début septembre, au Festival de Toronto (TIFF) où il a été lancé en première mondiale,
avait remporté le prix du meilleur long métrage canadien. Devant de Xavier Dolan, de Stéphane Lafleur, de David Cronenberg, etc.À ce jour, le long métrage, qui sera sur les écrans québécois au début de 2015, a déjà été vendu pour distribution aux États-Unis, en France, au Benelux, en Colombie, à Taïwan, etc.
À toutes ces belles choses s’ajoute maintenant le titre de Personnalité de la semaine attribué par
. Comment expliquer un tel succès ?« Difficile à dire, répond Maxime Giroux, homme réfléchi et d’une grande gentillesse. Je crois que, malgré cette histoire d’un amour improbable, les gens se reconnaissent à travers les personnages. Ils se sentent concernés par ce désir de prendre possession de sa propre vie. Félix et Meira font des choix qui sont les leurs, même s’ils savent que leur vie sera difficile. »
Meira, en choisissant d’aimer Félix, verra sa communauté lui tourner le dos. « Toutes les communautés, quelles qu’elles soient, ont leurs qualités et leurs défauts, avance M. Giroux. Chez les juifs hassidiques, il y a énormément de règles et plusieurs personnes ne s’y retrouvent pas. Ceux qui choisissent de s’en aller se retrouvent face à plusieurs difficultés. Ils sont tout à coup sans famille, amis, logis, ou repères sociaux. Leur monde s’effondre. Grâce à des outils comme internet, ils trouvent maintenant des organisations pour les épauler. »
Maxime Giroux se garde de faire une critique de la communauté hassidique. Son film, coécrit avec Alexandre Laferrière, ne vise pas ce but. Il nous dit, par exemple, avoir trouvé chez les hassidim un sens de la communauté et de la famille hors du commun.
« Même si je suis athée, j’ai découvert chez eux [les hassidim] un sens du sacré qui est intéressant pour l’homme. »
— Maxime Giroux
Ancien étudiant en cinéma de l’Université Concordia, Maxime Giroux a, en début de carrière, tourné quelques courts métrages, en plus de réaliser une centaine de vidéoclips de Dumas, Robert Charlebois, Vulgaires Machins, Les Cowboys Fringants, etc.
Ses deux premiers longs métrages,
et , portraits sombres de la banlieue, ont également connu de beaux succès critiques. Comme plusieurs réalisateurs, Giroux tourne également des publicités (Loto-Québec, Épargne Placements Québec, ).« En plus d’être, à mon avis, un des meilleurs metteurs en scène au Québec en ce moment, Maxime a cette capacité à entrer en contact avec les gens et à assumer de grands risques artistiques, dit de lui Sylvain Corbeil, son producteur chez Metafilms. C’est donc sans hésitation et avec beaucoup d’enthousiasme que nous sommes entrés dans l’incroyable aventure de
. »La curiosité nourrira-t-elle le prochain film de Maxime Giroux ? « Absolument, répond ce dernier, déjà en processus d’écriture. Mais c’est un sujet très complexe et il est trop tôt pour en parler. »